jeudi 7 avril 2011

Matsa ‘Achira (Matsa douce ou au vin)

Qu'est-ce que la Matsa ‘Achira ?

MARANN écrit dans le Choulh’an ‘Arouh’ (chap.462) :

« Les jus de fruits (comme le jus que l’on presse des oranges, ou bien du vin), sans ajout d’eau, ne provoquent pas de fermentation (H’imouts), et il est donc permis de consommer pendant Pessah’ de la Matsa qui a été pétrie avec des jus de fruits, même si cela a duré toute une journée. Mais on ne peut utiliser une telle Matsa pour s’acquitter de l’obligation de Matsa (le soir du Seder), car cette Matsa est qualifiée de « Matsa enrichie » (‘Achira). Or, la Torah ordonne de consommer le soir de Pessah’ « un pain de pauvreté (Léh’èm ‘Oni) ».

C'est-à-dire, une farine de blé (farine Cacher Lé-Pessah’) qui a été mélangée avec des jus de fruits, comme un jus ou du vin, durant un long moment, sans être cuite au four, cette farine, ainsi que son produit, est permise à la consommation pendant la fête de Pessah’, car les jus de fruits ne provoquent pas de processus de fermentation (H’imouts). Par contre, on ne pourra pas se servir de telles Matsot pour s’acquitter du devoir de Matsa lors du Seder de Pessah’, car une telle Matsa est qualifiée de « Matsa ‘Achira » (Matsa enrichie), et la Torah exige « un pain de pauvreté ».

Telle a toujours été la tradition des Séfarades dans tous les lieux où ils résidèrent au fil des générations, conformément à l’opinion de MARANN, l’auteur du Choulh’an ‘Arouh’ qui autorise la consommation de la Matsa ‘Achira (Galette douce ou au vin) pendant la fête de Pessah’.

Cependant, les Achkénazes ont l’usage de s’interdire la consommation de la Matsa « enrichie » durant la fête de Pessah’, car ils se conforment à l’opinion du RAMA qui tranche selon plusieurs Richonim, qu’il est interdit de consommer pendant la fête de Pessah’, de la Matsa faite avec des jus de fruits.

En Israël, dans la ville de Tel-Aviv, 2 fabricants de biscuits voulurent fabriquer de la Matsa « enrichie » pour la fête de Pessah’, en utilisant uniquement de la farine de blé (Cacher Lé-Pessah’) et des jus de fruits, sans aucun ajout d’eau, après avoir Cachériser les fours et les différentes machines de fabrication selon la Halah’a sous le contrôle d’un Talmid H’ah’am possédant la Crainte d’Hachem. Cependant, celui qui était le Grand Rabbin de la ville de Tel-Aviv à cette époque, le Gaon Rabbi Issèr Yéhouda ONTERMANN zatsal, refusa de les autoriser à fabriquer de la Matsa « enrichie », prétextant l’opinion du RAMA selon laquelle « …dans leurs pays, ils n’ont pas l’usage de pétrir de la Matsa avec des jus de fruits, et qu’il ne faut pas changer cet usage, excepté pour un malade ou une personne âgée qui en ont besoin. »

Quelque temps après, le Gaon Rabbi Issèr Yéhouda ONTERMANN zatsal fut élu au poste de Grand Rabbin Achkénaze d’Israël, et notre maître le Rav Ovadia YOSSEF Chlita fut nommé Grand Rabbin de la ville de Tel-Aviv.

En 5730 (1970), notre maître le Rav Chlita, modifia l’usage en vigueur jusqu’alors au sein du grand rabbinat de Tel-Aviv, et donna un certificat de Cacherout aux usines de fabrication (pour fabriquer de la Matsa « enrichie ») qui acceptaient le contrôle rabbinique de notre maître le Rav Chlita, ainsi que toutes ses demandes et exigences en matière de Cacherout.

Ceci, en raison du fait que la ville de Tel-Aviv possède une très importante communauté séfarade, qui ont l’usage depuis toujours d’autoriser la consommation de Matsa « enrichie », conformément à l’opinion de MARANN.

C'est pourquoi il est certain qu’il incombe le Grand Rabbin séfarade d’une telle ville de fournir des services de Cacherout qui distribuent même des produits qui ne sont consommés par les Achkénazes.

Cependant, le commerçant qui vend des Matsot « enrichies » ou des pâtisseries Cacher Lé-Pessah’, doit faire savoir au moyen d’une pancarte largement visible, que les pâtisseries ou les Matsot « enrichies », sont fabriquées avec de la farine (Cacher Lé-Pessah’) et des jus de fruits, et que selon la tradition Achkénaze, ces pâtisseries et ces Matsot « enrichies » sont interdites à la consommation, excepté pour des malades, des personnes âgées ou des enfants en dessous de l’âge des Mitsvot.

En 5760 (2000), le Richonn Lé-Tsionn - Grand Rabbin séfarade d’Israël - le Gaon Rabbi Eliyahou BAKCHI – DORON Chlita, qui occupait ce poste à cette époque, fit remarquer que l’on mélangeait certains produits chimiques dans la pâte afin de la faire gonfler, ce qui est comparable aux essences que l’on fait à partir du vin, et qui ont la capacité de provoquer une fermentation, comme l’écrivent les Poskim (voir Tossafot Pessah’im 28b). Ces produits n’ont donc pas le statut des jus des fruits.

Mais notre maître le Rav Ovadia YOSSEF Chlita exprima son étonnement sur de tels propos.

En effet, selon notre maître le Rav Chlita, il n’y aucun lien entre les essences de vin qui ont effectivement la capacité de provoquer une fermentation, et les produits chimiques que l’on mélange à la pâte des Matsot « enrichies », pour la faire gonfler.

Notre maître le Rav Chlita a consulté 2 experts en la matière, qui attestent que cette substance chimique ne provoque aucun gonflement de la pâte, et n’est comparable en réalité qu’à l’effet d’une pompe extérieure qui entraîne un souffle et un gonflement à l’intérieur de la pâte. Or, la fermentation que la Torah interdit est complètement différente puisqu’il s’agit du contact entre la farine de blé (ou d’autres céréales du DAGANN) et l’eau durant un certain laps de temps. C’est là que s’opère une modification interne des molécules de la farine, et que débute la fermentation. Les produits chimiques mélangés à la pâte des Matsot « enrichies », ne modifient strictement rien à l’intérieur de la pâte, mais uniquement son aspect extérieur qui gonfle par la libération d’un gaz dans la pâte.

De plus, notre maître le Rav Chlita, sollicita le Gaon Rabbi Chlomo ‘AMAR Chlita (qui fut élu Richonn Letsionn – Grand Rabbin séfarade d’Israël en 5762 - 2002), afin qu’il médite sur ce dossier, et le Rav ‘Amar Chlita rédigea une longue Téchouva (réponse Halah’ique) dans laquelle il prouve qu’il est totalement permis de consommer cette Matsa ‘Achira (« enrichie ») pendant Pessah’.

Par conséquent, les Séfarades, ainsi que tous les originaires des communautés du Moyen-Orient, sont totalement autorisés selon la Halah’a, à acheter et à consommer pendant Pessah’, de la Matsa ‘Achira (Galette douce ou au vin) fabriquée sous un contrôle de Cacheroute responsable.

Même pour les Achkénazes, s’il s’agit de personnes malades ou âgées ou bien pour des enfants en dessous de l’âge des Mitsvot, il leur est permis d’en consommer pendant Pessah’.

Cependant, certaines personnes animées par la crainte d’Hachem n’achètent pas de Matsa ‘Achira lorsqu’elle n’est pas fabriquée sous un contrôle rabbinique réputé (par exemple, le contrôle du Badats Beth Yossef qui n’autorise pas la fabrication de Matsa ‘Achira à des usines qui fabriquent également du H’amets toute l’année, mais uniquement à une usine qui fabrique seulement des produits pour Pessah’.)
Il y a largement matière à s’imposer des H’oumrott (rigueurs) dans ce domaine, mais selon le strict Din, il est permis de consommer de la Matsa ‘Achira, et il est certain que s’il s’agit d’enfants en bas âge ou autre, on peut totalement autoriser.

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